Autre aperçu que celui des podiums des grandes maisons, la jeune création en ligne de mire.
Sorte de hors-les-murs de la Fashion Week, la jeune création incarne un autre visage, prometteur, frais, inspirant. La dernière nous aura montré ce que Paris a dans le ventre, avec notamment le défilé Automne-hiver 2015/16 de Christine Phung.
Difficile aujourd’hui de passer à côté de tout ce qui caresse de près ou de loin les mutations digitales. Même dans l’industrie de la mode, la tendance est à l’innovation et la créativité par les nouvelles techno, illustrée par cette nouvelle ère fashion tech et wearable.
Christine Phung, sortie de l’Ecole Duperré et l’Institut Français de la Mode, a fait ses armes pendant 10 ans au sein de See By Chloé, la ligne enfant de Dior, Vanessa Bruno, Christophe Lemaire, Lacoste, Veja…
En 2011, elle crée sa propre marque et décroche plusieurs prix.
Son vestiaire se situe entre élégance stricte et sportswear de luxe. En outre, contemporanéité et savoir-faire traditionnels revisités par la créatrice, placent le durable comme un impératif esthétique dans ses créations. Elle construit une mode éthique, fonctionnelle et belle, notamment dans le travail d’une ligne équitable de vêtements en soie au Cambodge.
Christine Phung dévoilait une collection automne-hiver 2015/16 inspirée de glitch. Ce bug numérique dans son défilé n’avait rien d’une histoire de faux contacts. Au contraire, ce qui est perçu comme froid, brut et déshumanisé, est rendu sensuel, fluide et presque émotionnel tant le show ne laisse pas de marbre.
Les mannequins aux coiffures « wet look » exhibaient des tenues architecturées, fluides et des couleurs portées avec grâce. La femme Christine Phung de l’hiver prochain est une contemporaine qui explore et assume une esthétique digitale.
On pouvait y apercevoir les compositions graphiques qui caractérisent son style : plissé, cubisme de patchworks, broderies géométriques, tweeds presque métalliques. Les coupes taillées et cintrées dessinent des silhouettes en triangles et losanges.
Les imprimés de cette collection se composent de tâches géométriques, pois digitaux ou motifs sauvages, directement inspirés des arts numériques.
La femme que j’habille est une exploratrice. Elle investit sans cesse de nouveaux lieux et de nouveaux espaces ; dont l’espace numérique qui ne l’effraie pas, car elle navigue couramment entre digital et réalité. Son reflet, c’est un vêtement portable et exigeant, qui incorpore le futur sans complexe et sans excès.
Côté scénographie, la réflexion a également été confiée à deux jeunes et talentueux créatifs, Anais Harel et Nicolas Ocante du studio Paris Se Quema.
Avec le Glitch pour source d’inspiration et l’Institut du Monde Arabe comme terrain de jeu, le défi consistait à reproduire « dans le réel » et avec un matériau simple, ce principe de bug visuel normalement attribué à la technologie et au virtuel (un ordinateur, une caméra). La mise en scène évoquait également les accidents que l’on ne maîtrise pas et le fait de ne pouvoir tout prévoir… L’installation retranscrivait un univers changeant grâce aux reflets et à la démultiplication des modèles qui défilaient.
Cet autre itinéraire apporte une effervescence nouvelle et confirme indiscutablement l’art de Paris à féconder les talents et une jeune garde inventive et avant-gardiste. Y croiser des figures illustres de la presse et influenceurs de la blogosphère est le signe qu’il n’est pas dévié des défilés de grandes maison plus médiatisés, et qu’il s’inscrit même comme un essentiel à couvrir et à surveiller de près.
Print credit @Marisha Gulmann
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